La gauche européenne face aux défis de civilisation

Le 6e forum européen des forces de gauche, vertes et progressistes s’est tenu à Athènes du 21 au 23 octobre. Ce rendez-vous a maintenant toute sa place dans le calendrier des forces politiques, syndicales et associatives. Désormais le forum prend une formule complète, incluant des séances plénière, des assemblées (assemblée des femmes, assemblée des syndicalistes, assemblée des jeunes, assemblée de la culture) et des ateliers. C’est ainsi qu’ont pris part au Forum plus de 350 inscrits, sans compter les connexions en visioconférence, représentant 125 organisations politiques, syndicales et associatives issues de 35 pays. La finalité du Forum est double: d’une part travailler à des réponses à la crise pour que ce ne soit pas aux peuples de la payer; et d’autre part faire bouger les lignes à gauche, dans la perspective de la transformation sociale et de la rupture avec le libéralisme afin de travailler à l’émergence de convergences nouvelles dans l’optique de nouvelles majorités sociales et politiques répondant aux exigences portées par les mobilisations sociales et citoyennes.

Le Forum de cette année a été, bien évidemment, marqué par le défi de civilisation auquel font face les peuples européens : l’horizon de la guerre, la crise énergétique, la crise climatique, la menace d’une nouvelle crise financière, l’utilisation de l’argent, les questions de santé et de logement, l’essor de l’extrême droite, les menaces sur les droits des femmes… Le PCF a activement participé à l’ensemble des débats grâce à une délégation importante conduite par Pierre Laurent. Au-delà de la grande diversité politique et des différences de points de vue, les débats furent marqués par une grande gravité devant l’ampleur des menaces. Leur point de départ rejoint le fameux constat de Jaurès: «le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage», cité par plusieurs orateurs.

Les ateliers et les différentes séances ont été riches de propositions, dépassant d’ailleurs souvent le cadre européen, étant donné le caractère international des enjeux (…)

Par ailleurs, l’ampleur du défi de civilisation souligne l’importance de ne pas juxtaposer les enjeux, mais de les lier. Il n’y aura pas de progrès social sans paix. Il n’y aura pas de solution à la hauteur de l’urgence de la crise et du dérèglement climatiques sans paix. La diversité des forces représentées ne doit pas occulter les débats tactiques et stratégiques qui traversent la gauche en Europe. Ils sont nécessaires pour avancer et pour construire. Ainsi en est-il, par exemple, des modalités de la prise du pouvoir sur l’argent, de l’utilisation des fonds de la Banque Centrale Européenne pour répondre aux impératifs de transformation sociale et de transition écologique, alors que le GIEC recommande de consacrer 6% du PIB par an à de telles fins, ce qui représente 900 milliards d’euros à l’échelle de l’Union européenne. Le prochain congrès du Parti de la gauche européenne, qui se tiendra à Vienne du 9 au 11 décembre, donnera l’opportunité de poursuivre de tels débats pour être au rendez-vous des urgences pacifistes, démocratiques, sociales et écologiques qui sont communes à l’ensemble des peuples européens.

Vincent Boulet, responsable des questions européennes au PCF