Drame au CHU de REIMS

Le choc, la tristesse, la consternation et l’émotion sont immenses après ce drame qui laisse une famille et des professionnels endeuillés.

La psychiatrie a été remise sur le devant de la scène médiatique après le décès d’une infirmière et l’agression d’une secrétaire médicale au CHU de Reims.

Cet acte ultime commis par un patient déjà connu pour des troubles psychiatriques sévères appelle à une réflexion sur la prise en charge thérapeutique et ses limites pour ces malades mentaux.

La presse du sensationnel et d’extrême droite appelle à un grand renfermement du fou en visant le secteur public de la psychiatrie et son hôpital.

Le soin psychiatrique comme le soin physique en est réduit à la rentabilité et vise à réduire le soin à une analyse de bonnes pratiques de maîtrise et de contrôle sécuritaire des symptômes…

La subjectivité psychique et la durée de la maladie sont ignorées.

Les restructurations permanentes des politiques menées dues à des considérations économiques mettent à mal l’accès aux soins.

Des centaines de médecins, psychologues et infirmier(ère)s démissionnent ne se retrouvant plus dans leur métier réduit à la contrainte, la médication à outrance et la contention des patients.

Le relationnel de ces maladies mentales n’existe plus ou si peu puisqu’il n’est pas reconnu car non « rentable ».

S’attaquer aux blouses blanches, dans sa psychose, le patient l’a rappelé.

La réponse est le déni des politiques purement gestionnaires.

Plus de contrôle, plus d’isolement, plus d’enfermement n’est pas la solution.

Si une réelle politique de soin public n’est pas mise en place, il est fort probable que de tels actes se reproduiront.

N’oublions pas qu’il y a presque 10 ans, deux infirmières étaient tuées à Pau par un malade jugé pénalement irresponsable. Une irresponsabilité pénale qui appelle à soigner.

A l’époque, quelles mesures ont été prise par le ministre de la santé ?

Équiper le personnel de sonnettes d’alarme et quelques mesures cosmétiques qui n’ont malheureusement rien changé au vu de la réalité d’aujourd’hui.

Il s’agit donc de traiter, de stabiliser le délire de la maladie vers la guérison par une pratique clinique humaine et un accès aux soins d’accueil relationnel.

Ceci exige une continuité dans le soin avec un accompagnement social.

Il faut un nombre de soignants suffisant et suffisamment formés ainsi que des lits et des structures d’accueil pour prendre en charge la maladie subjective qui ne se résume pas à la prise d’un traitement médicamenteux.

Pour le suivi de ces patients, la psychiatrie de secteur doit être réinstaurée et renforcée.

Corine POSTAL