Centenaire du PCF – 2/4 La guerre de 1914 prépare la scission avec le réformisme

Le congrès de Tours ne peut pas être abordé sans évoquer le « choc de 14 ». L’entrée pleine et entière de la plupart des dirigeants sociaux-démocrates et réformistes (qui étaient censés défendre les intérêts des travailleurs) dans la logique guerrière des bourgeoisies d’Europe est vécue à juste titre comme une trahison par la classe ouvrière. Tandis que ces mêmes dirigeants clament haut et fort depuis des années leur antimilitarisme, leur amour de la paix et leur dégoût de la guerre, ils se sont jetés corps et âme dans l’Union Sacrée. Il y a un lien profond entre le combat pour la paix, la fin de la guerre le 11 novembre 1918, et la création du Parti Communiste Français.

En France, en Angleterre, en Allemagne, en Russie et dans les autres pays d’Europe, les mouvements socialistes se sont toujours opposés à la guerre, jusqu’à la trahison des dirigeants politiques de l’époque, notamment en France. Cette guerre qui dura 4 ans, qui fit en France 1.350.000 soldats morts, 3 millions de blessés et d’invalides, des centaines de milliers de veuves et d’orphelins a profondément marqué les esprits.

Henri Barbusse déclara en juillet 1917 :

« J’adresse un appel ardent à tous ceux des anciens combattants de cette guerre qui croient à la République et qui la veulent. Je veux vous entretenir aujourd’hui d’un grand intérêt général qui dépasse celui de chacun de vous, mais qui repose sur vous tous : soldats de la guerre, continuez à être les soldats de la pensée, il le faut. Vous ne devez pas renoncer encore à vous battre. La démocratie a besoin de vous. Elle vous appelle à son secours, vous qui serez un jour le nombre et la force, et qui êtes l’énergie, l’audace et la lucidité. Il faut veiller sur la République. C’est à vous entre tous et avant tout qu’incombe ce devoir, survivants de la guerre des hommes contre les oppresseurs ! »

En 1917, la Révolution Russe, elle qui revendique « le pain, la paix, la dignité », est victorieuse. Les survivants de ce meurtre collectif que fut la guerre de 14-18 n’avaient en France que deux idées en tête : l’instauration de la paix et la mise à l’écart de la vie politique des hommes qui avaient conduit notre pays à la guerre et à son état social qui suivit.

C’est profondément marqués par cette guerre que se réunirent les délégués au Congrès National du Parti Socialiste à Tours, en décembre 1920.

Remplis de haine pour la guerre, pleins d’espoir après la Révolution Russe de 1917, assoiffés de justice, de liberté, de fraternité, des valeurs républicaines, les délégués, majoritairement d’anciens soldats se sont engagés. Il faut noter que ces hommes, Paul Vaillant-Couturier, Georges Bruyère, Jacques Duclos, Jean Catelas et tant d’autres dirigeants et militants de l’ARAC ont fait le choix de créer le Parti Communiste Français. Ce choix des délégués c’est l’expression de la volonté de ces militants de s’engager dans une voie nouvelle répondant aux aspirations de paix, de respect des peuples, de justice sociale. C’est pour tout cela qu’il y a un lien entre la fin de la guerre de 14-18, la création du Parti Communiste Français et son attachement aux valeurs républicaines et à la souveraineté nationale. L’histoire du mouvement ouvrier, de la défense de la conception républicaine de la France sont profondément liés à la place et au rôle du Parti Communiste Français. C’est bien de se le rappeler au moment du Centenaire du congrès de Tours.

Philippe PAQUIS