Projet de loi 3 D ou l’inégalité organisée

Le gouvernement a annoncé pour 2021 une réforme 3D (décentralisation, déconcentration, différenciation). C’est une nouvelle étape dans l’adaptation de l’organisation de notre pays aux besoins du capital et de la grande bourgeoisie sous la directive de l’Union Européenne, après la fusion des régions, décidée par F. Hollande qui a un peu plus éloigné les lieux de décision des citoyens. La « différenciation » permettra aux collectivités qui en ont les moyens financiers et humains d’expérimenter de nouvelles compétences et de les pérenniser sur simple délibération. La déconcentration va favoriser le démantèlement des services de l’État et la décentralisation parachever l’autonomisation des collectivités territoriales. Dans un contexte de concurrence exacerbée, il en résultera un espace national fragmenté en territoires aux multiples statuts, dont les plus riches actionneront les leviers pour attirer les investisseurs, les autres étant voués au devenir des « territoires périphériques ». C’est un pas de plus en direction de l’Europe des régions, standard d’organisation promu par les classes dirigeantes européennes. 

Notre région est pionnière en la matière avec la naissance au 1er janvier prochain de la collectivité européenne d’Alsace par la fusion des départements du Bas et du Haut Rhin, dotée des compétences des départements mais aussi d’autres avec à la clé le développement d’inégalités de traitement des territoires de la région. Les Ardennes n’avaient pas besoin de cela !

Ce ne sont pas des collectivités compétitives au service du seul capital qui sont nécessaires, mais une organisation territoriale facilitant la solidarité et la démocratie dans un pays respectant l’égalité républicaine.

Michèle LEFLON