Quand l’histoire de l’industrie Ardennaise se fait effacer par la spéculation financière

Les Ateliers des Janves, vous connaissez ? Créée en 1925 par Georges Sergeant à Bogny-sur-Meuse, la société spécialisée et leader dans l’outillage agricole va petit à petit se tourner vers le secteur de l’automobile. Gagnant des marchés de plus en plus importants, ils feront l’acquisition d’une filiale bien connue Ardennes Machines Industries (AMI) située à Vouziers

En dépit d’un chiffre d’affaires de 71 millions d’euros en 2017 et de commandes toujours soutenues de ses clients, la direction déclare la cessation de paiement le 31 août 2018 et le tribunal de Paris prononce la mise en redressement judiciaire le 4 septembre 2018.

Un mois plus tard le 22 novembre 2018 le tribunal de commerce de Paris donne sa préférence au groupe automobile Walor, entreprise familiale et internationale dirigée par Eric Lorin pour reprendre les 320 salariés ardennais des Ateliers des Janves et d’Ardennes Machines Industries.

Le groupe Vendéen basé à Legé ( Loire-Atlantique ) est le leader européen de la fabrication de pièces usinées obtenues à partir de la forge à froid et de l’usinage pour l’industrie automobile.

Il emploie 1400 personnes sur 11 sites; sept unités de production en France et quatre à l’étranger, Allemagne, Roumanie, Mexique et Chine. Il réalise un chiffre d’affaire de 300 millions d’euros.

La fin du moteur thermique prévue pour 2035 sonne l’arrivée de la faucheuse d’emplois qui fera détourner le regard du groupe Vendéen vers des perceptives tout autres, ne pas investir pour une reconversion industrielle comme dans le ferroviaire, l’agricole ou l’hydraulique mais à la place vendre au plus offrant.

Et c’est à ce moment là que l’Ogre Mutares (holding Allemande) arrive.

Basée à Munich en Allemagne l’entreprise Mutares qui est entrée en négociation avec l’entreprise Walor se définit ainsi : « Nous investissons dans les entreprises de taille moyenne en bouleversement. En révélant des potentiels et en renforçant la rentabilité, nous augmentons durablement le succès de nos entreprises » Mutares se défend d’être un « Fond de private equity », se limitant à des détentions de quatre à cinq ans.

Partout, les syndicats s’inquiètent. Ils craignent que ces « reprises ne s’inscrivent pas dans la durée car Mutares est un financier qui revend les entreprises quelques années après les avoir achetées »

Doit on continuer à voir nos industries passer de main en main pour générer quelques profits de plus ?

Doit on attendre qu’un riche investisseur perde le contrôle et laisse sur le carreau des centaines d’emplois ?

C’est dans ce cadre que le Parti Communiste Français souhaite s’inscrire.

Il faut un vrai débat, associant les salariés et les organisations syndicales, sur les choix industriels à opérer, pour répondre aux besoins populaires, avec le développement de véhicules favorisant la diversification des technologies ( thermiques, hybrides, électriques). Il faut rééquilibrer la production automobile et produire plus en France.

Joffrey DEMEYER