Lettre de Fabien Roussel à la nouvelle Première ministre (extraits)

(…) Je souhaite vous alerter sur une question essentielle, qui appelle de votre part des décisions qui ne peuvent attendre encore des semaines, à savoir le pouvoir d’achat des Français.

Celui-ci est aujourd’hui largement entamé par l’explosion des prix, ceux de l’énergie et des carburants, ceux de la plupart des produits de première nécessité. (…)

Or, jusqu’à présent, les réponses apportées par le précédent gouvernement se sont révélées insuffisantes, tant pour le montant des aides accordées par l’État que par le nombre de familles concernées.

Les prix de l’énergie sont plafonnés à un niveau excessif, ceux des carburants flambent encore.

Les chèques attribués à un nombre limité de ménages relèvent de l’anecdotique au regard des coûts que doivent supporter les familles pour répondre aux besoins les plus élémentaires.

L’envolée des recours aux prêts sur gages traduit à cet égard une situation de détresse insupportable dans la sixième puissance économique mondiale.

J’ajoute que les PME, déjà fragilisées par la crise sanitaire, subissent également cette explosion des prix, ainsi que les collectivités territoriales dont les budgets sont sous tension, avec des conséquences sur le niveau des services rendus aux populations.

Les annonces relatives à la suppression de la redevance audiovisuelle, outre les menaces que cette mesure fait planer sur le service public de l’audiovisuel, la trop faible revalorisation du SMIC, qui entretient l’austérité salariale, et l’absence d’un véritable rattrapage sur le point d’indice des fonctionnaires ne sont pas à la hauteur des attentes de nos concitoyens.

Cette atteinte au pouvoir d’achat est un frein au retour d’une croissance saine, susceptible de créer et de sécuriser des emplois, d’en finir avec les bas salaires et de renforcer nos ressources fiscales, pour financer des services publics de haut niveau.

Dans le même temps, les grands groupes industriels et financiers affichent pour la plupart des résultats financiers historiques, tant pour leurs bénéfices que pour les dividendes distribués.

C’est à cette contradiction que la politique gouvernementale devrait s’attaquer avec deux objectifs immédiats.

D’abord augmenter massivement tous les salaires, dont le SMIC, les pensions de retraite et les minima sociaux.

Ensuite, agir sur tous les prix en baissant sensiblement la TVA sur l’énergie, les carburants et les produits alimentaires. Cette action suppose d’une part de refonder la politique fiscale du pays, et d’autre part, au plan international, de s’attaquer enfin à tous les mécanismes spéculatifs, à l’image de ceux sur le cours des productions agricoles. C’est une question de justice fiscale à laquelle nos concitoyens sont particulièrement attachés en ces temps difficiles. (…)

Je tiens également à vous exprimer mon opposition ferme au projet de réforme des retraites (…)