Sortie du nucléaire : les Belges reculent !

Un rappel historique est nécessaire pour comprendre. En 2003, une loi était adoptée pour sortir du nucléaire en 2025. Elle a été confirmée par les différents gouvernements successifs.

Problème : aucune anticipation alors que le nucléaire produit environ 50 % de l’électricité belge ! A terme, la Belgique avait pour ambition le 100 % d’électricité renouvelable mais avec l’objectif prétentieux de 2025 !

Le délai était beaucoup trop serré ! Donc, entre temps, les solutions palliatives retenues auraient été la construction de centrales à gaz subventionnées et l’importation de 25 à 40 % d’électricité ce qui est énorme !

Les conséquences :

1) La Belgique aurait augmenté ses émissions de CO2 liées à l’électricité à l’opposé des engagements pris, en particulier par une importation de gaz plus importante.

2) « Elia », l’équivalent de « RTE » en France indiquait à l’époque que la sécurité d’approvisionnement en électricité aurait été menacée après 2025 ceci étant dû aux importations alors que les pays voisins se seraient retrouver en difficulté pour exporter (dû aux renouvelables).

Le gouvernement belge était dans une situation délicate pour ne pas dire une impasse.

Du coup, en 2020, il a commencé à entrouvrir la possibilité de maintenir les deux réacteurs les plus récents : Doel 4 et Tihange 3, mis en service en 1985.

« Engie Electrabel », équivalent d’ « EDF », a appelé plusieurs fois le gouvernement à statuer rapidement car maintenir un réacteur en activité ne se fait pas d’un coup de baguette magique !

Cette décision demeurait en suspens depuis, avec un gouvernement restant sur sa décision de 2003, quitte à fermer des réacteurs après à peine 40 ans d’exploitation et à construire des centrales au gaz qui ne fonctionneront théoriquement que pendant 15 ans !

Ce 18 mars, la Belgique a finalement décidé de repousser de 10 ans sa sortie du nucléaire en prolongeant à 2035 les réacteurs Doel 4 et Tihange 3 face aux incertitudes sur l’approvisionnement et le prix de l’énergie !

Si nous étions cyniques, nous dirions qu’il aura fallu une guerre pour que les dirigeants belges reviennent à la raison… même si la guerre en Ukraine s’est ajoutée à d’autres raisons plus structurelles.

Bien que cette décision devrait faciliter la transition, la fermeture rapide de cinq à sept réacteurs nucléaires belges entre 2023 et 2025 entraînera tout de même l’augmentation des importations d’électricité et la production de gaz.

Corine Postal