Esclavage : la lourde dette de la France à Haïti

Ce 10 mai, lors de la cérémonie officielle de Commémoration des Mémoires de l’Esclavage, Christine Depuiset, secrétaire de la section des Ardennes de la Ligue des Droits de l’Homme, a rappelé l’insupportable sanction économique appliquée par la France à Haïti en échange de son indépendance.

Après l’abolition de l’esclavage lors de la révolution française, son rétablissement par Napoléon Ier entraîne des révoltes et Haïti sera le premier pays à déclarer son indépendance à la suite d’une révolte d’esclaves en 1805. Il faudra 20 ans pour que cette indépendance soit reconnue par la France, en échange d’une rançon faramineuse pour indemniser les anciens colons esclavagistes. Ce n’est qu’en 1952 que les agios de la dette contractée par Haïti seront remboursés. Ce pacte néocolonial a lourdement entravé le développement du pays. Deux cents ans plus tard, le Président de la République française a reconnu, le 17 avril, une « forme d’injustice initiale (…) qui a frappé Haïti dès sa naissance ». Un premier pas comme l’a souligné Christine Depuiset, mais qui en appelle d’autres. En fait de dette, c’est la France qui a une dette vis à vis de Haïti. En 2015, François Hollande l’avait évoqué et promis : « J’acquitterai à mon tour la dette que nous avons. » Mais, dès le lendemain, l’Élysée avait rectifié : Hollande parlait d’une « dette morale ».