Le 16 mars dernier, Eliane Assassi, sénatrice communiste et rapporteure de la commission d’enquête sur « l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques » remettait les conclusions de celle-ci entre les mains du Président du Sénat. Un rapport de 417 pages visant à faire la lumière sur « un phénomène tentaculaire », celui de l’appel aux cabinets de conseil privés de la part de l’Etat sur des dossiers de politique publique. Plusieurs mois d’enquêtes et des dizaines de milliers de documents recueillis démontent que des dossiers entiers tels que la crise sanitaire, les radars routiers, la réforme de l’aide juridictionnelle ou encore la stratégie nationale de santé ont été sous-traités à ces cabinets privés.
A l’évidence, cela pose un certain nombre de questions tant sur la vision qu’a le gouvernement Macron de l’Etat et de sa souveraineté que sur la dépense des fonds public : en 2021, l’Etat a dépensé plus d’un milliard d’euros en prestation de conseil ! C’est enfin le 25 mars dernier que le Sénat saisit la justice pour suspicion de faux témoignage de la part d’un directeur du cabinet McKinsey qui déclarait sous serment « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France ». Mais l’enquête de la commission atteste que le cabinet n’a pas payé d’impôts sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans.
Encore un nouvel exemple de ce que dénonce Fabien Roussel, le candidat du PCF à l’élection présidentielle, depuis des années : la fraude fiscale et l’optimisation qui permet par des montages financiers de se soustraire à la politique fiscale de notre pays. Alors que certains membres de la direction du cabinet ont des liens forts et avérés avec le Président et des membres de l’Exécutif, cela représente un nouveau scandale d’Etat et prouve le peu de respect pour la Nation et ses finances de leur part. D’un côté des consultations ne menant parfois à aucun résultat ou venant simplement remplacer le travail de fonctionnaires, et de l’autre côté des bénéfices juteux déclarés au Delaware, un paradis fiscal reconnu.
Esteban EVRARD