Au quotidien, un peu partout, on voit que, malgré les moyens de police supplémentaires sur le territoire, qui donnent des résultats en termes de saisie de stupéfiant, d’arrestations, le trafic est toujours là, les points de « deals » se déplacent ou changent de tête et les habitants ne peuvent que constater la permanence de cette délinquance qui au quotidien crée des nuisances, des peurs, avec le sentiment d’être abandonné. Les trafics en tout genre, notamment de stupéfiants, sont sans doute à l’origine de beaucoup de ces phénomènes de violence. L’organisation de ces réseaux s’appuie sur des jeunes, parfois très jeunes, qui servent de guetteurs, de dealers de proximité, Ces jeunes souvent en rupture scolaire, de formation, d’emploi, accèdent pour un temps à un rôle et un revenu (même s’il est modeste) en acceptant de vivre dans l’illégalité. Mais s’il y a trafic c’est qu’il y a consommateur. Et la France est un des pays où il y a le plus de consommateurs et ce malgré un arsenal répressif important. De toute façon, une société du chacun pour soi, qui ne répond pas aux besoins, ne propose pas un avenir à sa jeunesse ne peut que créer de la colère et des violences.
Depuis des années, les communistes se battent dans de nombreux quartiers contre les violences, pour tenter d’organiser les habitants autour de revendications sur les moyens des services publics, de la police bien sûr, mais aussi de la justice, de l’application des peines, de la prévention, de l’éducation et de tout ce qui peut aider à construire une perspective pour les familles populaires. Mais le débat public reste dominé par cette fausse alternative entre angélisme et populisme, écrasant toute réponse progressiste entre ceux qui ignorent ce que vivent les habitants des quartiers populaires et ceux qui font la course sécuritaire avec les droites.
Les communistes n’ignorent pas la réalité des trafics et des violences qui pèsent sur les quartiers populaires, des habitants qui doivent baisser la tête devant les trafiquants, des jeunes contraints à partir pour ne pas être sous pression des réseaux mafieux, des femmes enfermées dans le choix contraint entre soumission sexuelle ou religieuse… Mais ils ne cèdent pas aux sirènes populistes d’une réponse répressive dont tout confirme qu’elle est un échec ! Ils demandent une police ancrée dans les territoires, avec les moyens d’investigations sur toute l’économie parallèle, en lien avec les douanes, le fisc, l’inspection du travail, les collectivités, l’éducation nationale, les services de prévention. Mais ils demandent aussi une justice capable de traiter toutes les situations, de ne laisser aucun coupable dans l’impunité tout en construisant d’autres réponses qu’une prison dont tout le monde sait qu’elle est d’abord l’école du crime. Ils demandent de vrais moyens à la hauteur de la crise sociale pour ne laisser aucun jeune sans la possibilité de se construire une vie digne, honnête. Ils demandent des moyens décuplés pour une action de santé publique de grande ampleur contre les addictions, qui devrait être une des priorités de l’éducation nationale.
Esteban Evrard