Le logement social est une spécificité française qui a longtemps servi de modèle en Europe. Permettre l’accès à un logement pour tous y compris pour les familles avec les plus bas revenus était la revendication aussi bien de l’Abbé Pierre que du monde associatif et du PCF dans les années 1950.
C’est cette force collective qui a poussé les gouvernements d’alors à mettre en place une politique de construction de logements financée fortement par l’État, c’était la politique de l’aide à la pierre. Grâce à cette volonté politique qui rassemblait toutes les opinions on a pu éradiquer les bidonvilles et les logements insalubres des vieux centres villes (dont Paris) en construisant les grands ensembles que l’on connaît. Il y avait urgence. Ces grands ensembles sont aujourd’hui très décriés mais à l’époque pour ceux qui y ont eu accès, quelle modernité ! Quel confort ! Mais dans les années 1970 les gouvernements de droite, sous la pression des grands constructeurs tels que Bouygues, Vinci, GTM, etc…mis en appétit par les chantiers de l’époque, ont pris la décision de libéraliser le marché du logement et ont ouvert au marché privé toutes les possibilités financières pour faire de juteux profits. C’est le même schéma qu’avec les autoroutes, l’État (c’est-à-dire nous tous) prend à sa charge les investissements et livre ensuite au privé le marché de la gestion pour en tirer les bénéfices redistribués en actions. Ce sont d’ailleurs les mêmes sociétés qui encaissent. Le résultat est catastrophique pour la construction de logements à des prix abordables pour tous. Pour amortir le choc de l’abandon de l’aide à la pierre le gouvernement met en place l’aide personnalisée au logement. Mais cette aide n’est pas inscrite dans le marbre. La Loi SRU de 2000 portée par le ministre communiste JC Gayssot sous le gouvernement de L. Jospin n’a pas d’autre ambition que de limiter les effets de cette libéralisation et de contraindre à la construction de logement sociaux. Les débats à l’Assemblée Nationale autour de cette loi sont les mêmes qu’aujourd’hui. Aujourd’hui un certain nombre de maires de droite reprennent les armes contre cette loi et ressortent des arguments usés jusqu’à la corde auparavant.
Si certains maires sont sanctionnés par les préfectures avec des amendes variables, c’est surtout l’État lui-même qui est responsable du manque de constructions de logements. C’est en asphyxiant les bailleurs sociaux qu’on empêche la construction et la bonne gestion des patrimoines. Pire en s’attaquant à l’APL, et notamment à l’APL pour les jeunes travailleurs, le gouvernement Macron poursuit son opération de démolition du logement social et creuse encore plus les inégalités.
Esteban Evrard