Entre 1990 et 2024, la France est passée de la 1ère à la 23ème place concernant la mortalité infantile, information passée sous le manteau mais qui commence à se propager. La France, un des bonnets d’âne à l’échelon européen concernant le nombre de décès d’enfants de moins de un an ; en bas du classement aux côtés des pays les plus pauvres comme la Pologne ou la Bulgarie par exemple.
Les causes ? Elles sont nombreuses. En premier lieu, les déserts médicaux qui créent des inégalités. Les femmes ne sont pas égales à l’accouchement. En cinquante ans, les 3/4 des maternités ont fermé, à l’instar dans notre département de celles de Givet, Vouziers, Rethel, Revin et plus récemment Sedan. Il ne reste plus que celle de Charleville-Mézières dans les Ardennes ! Les temps de trajet ont donc mécaniquement augmenté et on sait par des études documentées que le taux de mortalité périnatal est en lien avec cet allongement. Les maternités de proximité ferment et les autres deviennent des « usines à bébés ». Celles-ci sont certes mieux équipées mais manquent de personnel et fonctionnent à flux tendu. Du coup, de moins en moins de sages-femmes acceptent de travailler dans les centres hospitaliers. Les professions médicales ne sont pas en reste et le prétexte est tout trouvé pour fermer ou « suspendre »… L’acte d’accouchement n’étant pas « rentable », il ne faut pas compter sur les structures privées ! Les ministres de la santé se succèdent et les dérives s’accentuent. Au bout du compte, ce sont les Français.es qui paient cash.
Autre cause, la PMI, organe public de la protection maternelle et infantile, est victime de la mort lente de la prévention par manque de moyens. Les territoires défavorisés sont les premiers touchés.
Les choix médicaux liés aux choix budgétaires peuvent aussi être questionnés. La France pratique moins de césariennes programmées que d’autres pays européens, la HAS (Haute Autorité de Santé) ayant plaidé pour sa diminution. Le nombre de césariennes n’a pas tant baissé mais le recours aux opérations d’urgence a augmenté avec des risques pour la mère et l’enfant.
La périnatalité et la prise en charge des prématurés est aussi problématique. Manque de lits en réanimation néonatale, moins de personnel suffisamment formé avec la pédiatrie et la néonatologie qui ont été supprimés du programme d’enseignement du diplôme infirmier en 2009 !
Enfin, d’après un professeur d’obstétrique, la France du XXIème siècle pratique toujours l’obstétrique du XIXème siècle ! Ventouse, forceps, spatule, instruments toujours utilisés pour les accouchements et qui peuvent causer de graves séquelles à l’enfant et multiplient les risques d’hémorragie cérébrale.
Concernant les fermetures de maternités, un moratoire sur 3 ans a été voté à l’Assemblée nationale : le début modeste d’un commencement ?…
Tant que la santé sera considérée comme un coût avec tous les ans un PLFSS (Projet Loi Financement Sécurité Sociale) bien en deçà des besoins de santé, il y a fort à parier que nous resterons dans le bas du tableau…
« L’ambition est d’assurer le bien-être de tous de la naissance à la mort… » disait Ambroise Croizat.
Commencer par la naissance est donc une évidence.
Corine POSTAL