Justice, une situation ingérable

Plusieurs événements récents démontrent la fragilité de l’institution judiciaire. C’est particulièrement vrai dans les Ardennes où un magistrat, victime d’un surmenage professionnel, a tenté de se suicider début juillet. A plusieurs reprises les magistrats ardennais ont tiré le signal d’alarme pour rendre publique la situation catastrophique dans notre département.

Une situation de sous-effectif n’a jamais été atteinte à ce point là. De l’aveu même du président du Tribunal seuls neuf magistrats exercent à Charleville-Mézières sur les 19 nécessaires pour un fonctionnement normal de la Justice. L’impact sur le justiciable est réel et les retards dans l’instruction des dossiers sont pénalisants. Il est rare que les professionnels de la Justice s’expriment publiquement mais la situation est devenue quasiment ingérable. Un sondage réalisé au plan national indique qu’il y a 77% des français qui estiment que la Justice fonctionne mal. Le ministre « Garde des Sceaux » fait preuve de franchise. Dans une récente intervention il a déclaré que nous assistons à « délabrement et à une clochardisation de la justice française ».

Cette crise ne touche pas uniquement l’institution judiciaire, les prisons sont surpeuplées. Dans ce marasme carcéral la situation carolomacérienne apparaît comme privilégiée. On y recense un taux moyen d’occupation de 95%. Ce n’est pas le cas dans les autres prisons de la région. Dans la Marne à Reims ce taux est de 133%. La construction d’un centre pénitentiaire de 180 places, envisagé à Donchery, est d’une nécessité absolue.

Sylvain DALLA ROSA