Revin, le jour d’après

Depuis que l’usine Electrolux de Revin a été délocalisée en Pologne en 2014, que sont devenus ses anciens salariés ? Certains ont trouvé la force de continuer à lutter pour leurs droits : le 11 juin dernier s’est tenue aux conseils de prud’hommes une audience, un jour décisif pour les 150 anciens salariés d’Electrolux qui ont trouvé le courage de contester leur licenciement, de se battre jusqu’au bout pour leur dignité contre le cynisme des actionnaires. L’audience devait se focaliser sur les négociations de primes et de salaires, or c’est une demande de report de jugement qui a monopolisé les débats, la requête du représentant d’Electrolux France ayant éclipsé les revendications des anciens salariés, celui-ci essayant clairement de gagner du temps.

Revin est l’exemple criant des dégâts causés par la désindustrialisation, véritable catastrophe économique ; les ravages causés par la montée du chômage dans la vallée sont à l’image de ce que d’autres délocalisations ont pu causer ailleurs en France, comme la mort de l’entreprise Moulinex entre autres. Produits de la déréglementation de la finance internationale, les régimes de croissance pilotés par la finance engendrent délocalisations et fermetures, aggravant le chômage de masse en France.

La finance actionnariale est sans pitié et fait montre d’une intolérance cruelle quand il s’agit de protéger ses profits, tout est alors bon pour rétablir la rentabilité : compression des coûts, suppression de postes, jusqu’au dépôt de bilan, comme cela a été le cas en 2001 pour Moulinex. Ce contexte économique est le fruit de décisions de politiques publiques prises au GATT, à l’OMC, au G7, à la commission européenne, contexte où règnent la concurrence généralisée et la déréglementation la plus totale, soumettant les entreprises à un régime de restructuration permanente, les luttes concurrentielles étant sans fin.

Les désastres industriels comme celui qu’a connu Revin sont légion en France, ils appellent une remise en cause des politiques publiques qui ont permis la concurrence et la déréglementation absolues qui sévissent aujourd’hui, le jugement attendu par les ex-Electrolux devait être rendu le 22 octobre de cette année. Où sont la droite et l’extrême-droite quand il s’agit d’aborder les problèmes économiques de fond que pose la désindustrialisation ? De proposer des solutions au chômage de masse qui frappe si durement tant de nos concitoyens ? La politique du bouc émissaire qui consiste à attiser la haine de l’étranger ne résoudra rien et ne ramènera jamais le moindre emploi dans la vallée.