La montée brutale des prix du gaz naturel et de l’électricité sur les marchés a et aura de lourdes conséquences sur la facture des consommateurs

Situation délicate pour un gouvernement français en campagne électorale. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement qui ne jure que par le marché et les privatisations est responsable de la situation, dans la mesure où il est bien l’héritier de la longue tradition des gouvernements français. Gouvernements qui comptent sur le Capital et son fameux marché pour se substituer de manière « efficace » aux services publics organisés autour de grandes institutions ou entreprises nationalisées. Aujourd’hui, le monde du travail paie la facture. La libéralisation du secteur de l’énergie à l’échelle européenne et les privatisations n’ont abouti qu’à la dégradation du droit à l’énergie. Cela coûte cher à la Nation. Depuis la transformation d’EDF en Société anonyme en 2004, 64 milliards d’euros de dividendes ont été versés par EDF et Engie. Le premier ministre Castex se dit aujourd’hui déçu par le marché : une clause de style pour éviter d’endosser la responsabilité politique de la situation ! Mais quelles sont ces lois du marché ? Les lois du marché – aussi sophistiquées soient les modèles mathématiques qui décrivent leurs fonctionnements – sont d’une simplicité biblique : plus les prix baissent, plus la demande augmente mais plus les prix baissent, plus l’offre diminue et plus l’offre diminue, plus les prix grimpent. Ce schéma de base ne fonctionne pas avec une telle flexibilité pour tous les biens. En effet, si un bien est nécessaire, comme le gaz ou l’électricité, une augmentation des prix de fourniture aura un effet faiblement déprimant sur la demande parce que les consommateurs ont besoin de se chauffer en hiver et de lumière à la nuit tombée.

Du point de vue du Capital, la situation actuelle n’a rien de particulièrement inquiétante. La montée des prix de l’énergie est même une bonne affaire pour les opérateurs. Pour des politiciens en campagne électorale, cette crise n’est pas du plus bel effet, mais leurs propositions ressemblent à un cautère sur une jambe de bois. Si Castex affirme vouloir construire un « bouclier » contre les hausses, en réalité, il ne fait que les reporter à plus tard évitant ainsi un trop lourd télescopage avec l’élection présidentielle et il ne remet pas en cause ni les privatisations ni le marché unique de l’énergie ! Pour le monde du travail, c’est une autre affaire : les factures grimpent et les aides sur le budget d’État, en dernière analyse, en tant que contribuable, en taxes directes ou indirectes, à la fin, c’est bien lui qui paie. La seule revendication ne peut être l’augmentation du chèque énergie mais la disparition du marché du gaz et de l’électricité, d’une création somme toute récente.
Pour en finir avec la spéculation sur ces biens essentiels et vitaux que sont l’électricité et le gaz, il faut mener la bataille pour exiger l’abandon du marché européen du gaz et de l’électricité et dans l’immédiat obtenir par la lutte le blocage des prix, revenir sur les privatisations. Cela implique de retrouver une maîtrise complète de la Nation sur les choix stratégiques, y compris du nucléaire, sur le secteur énergétique par la nationalisation totale de toute la filière qui va de la recherche et du développement en passant par la production et la distribution.
Esteban EVRARD